Amazon a présenté un nouveau robot autonome, Astro, qui, sous des airs de jouet pour enfant, inquiète les défenseurs de la vie privée.
Amazon commercialise, dans un premier temps pour une phase de test aux USA, un nouveau robot domestique, baptisé Astro, une sorte d’Alexia à roulette. L’engin sera ensuite vendu au grand public aux alentours de 1.450$. Il peut, notamment, cartographier une maison, répondre à des commandes vocales, se déplacer et braquer sa caméra. Il peut aussi reconnaître des visages, apprendre les habitudes des membres de la famille et rappeler à chacun ce qu’il a à faire. Cet outil est cependant perçu comme intrusif et, potentiellement, inquiétant pour le respect de la vie privée.
En effet, Big Brother n’est pas loin. Si l’engin peut être utilisé comme système de surveillance du domicile en cas d’absence ou de système d’alarme pour personnes âgées ou dépendantes, la crainte est qu’il puisse aussi servir de cheval de Troie même s’il est précisé que les utilisateurs peuvent en verrouiller les objectifs et les micros si jamais quelqu’un essaie de le pirater. Par ailleurs, Amazon affirme ne pas avoir accès aux caméras à distance d’Astro. Cette “science-fiction devenue réalité”, célébrée par la firme de e-Commerce dans une vidéo de présentation, n’en reste pas moins inquiétante. A l’heure où les GAFAM ont accès à notre historique de déplacement et de navigation sur internet, à nos données bancaires et biométriques mais aussi à nos modes de consommation, le risque principal est n’est pas tant celui de la surveillance généralisée imaginée par Georges Orwell que celui du piratage. Un outil comme Astro, dont le prix est relativement faible, ne bénéficiera jamais du niveau de sécurité des appareils professionnels, eux-mêmes exposés et objets au piratage, et risque de comporter des failles permettant à des hackers de s’y introduire et d’en prendre le contrôle à des fins malhonnêtes.
Devant la polémique qui s’annonce, on peut se poser la question du bien-fondé du progrès technique comme à chaque fois qu’une avancée technologique majeure se dessine. On cite toujours l’exemple des canuts de Lyon qui ont brisé les premières machines Jacquard à l’aube du XIXe siècle par peur de perdre leur emploi mais sans rien empêcher. La révolution numérique est en marche et atteint aujourd’hui la phase sans doute la plus spectaculaire, celle des objets connectés. On peut s’en émouvoir et imaginer être surveillé, aujourd’hui par son smart phone, demain par son réfrigérateur ou par son robot domestique. Les mouvements d’arrière garde n’empêcheront rien. Plutôt que de chercher à bloquer le progrès, en ne faisant au mieux que le retarder, il vaut mieux analyser objectivement les risques et les failles que présentent ces nouveaux outils pour faire évoluer l’arsenal technique et juridique afin que les fabricants soient amenés à renforcer la sécurité des dispositifs qu’ils proposent.